"J'ai comme une horreur du retard"
peinture tissée 50X70 du 23/11/2024
Je vis dans cinquante ans (extrait)
Ma solitude s’expliquerait ainsi : mes idées
me devançant, il me semble vivre au milieu d’êtres pas encore nés.
J’habite donc une époque pas ouverte encore et je ne me complais qu’en
elle. Cela dit en toute ingénuité, ma solitude en prouve la sincérité
car qui me forcerait à vivre ainsi loin des gens de cette époque ?
En vérité, je me sens le contemporain de gens
à venir, c’est à eux que je parle, c’est pour eux que je pense. Ils ne
sont pas encore vivants, je ne suis pas encore mort. Eux et moi nous
sommes à naître.
Ils me mettront au monde et je leur servirai
de père.
La
fréquentation de mes contemporains m’est pénible. Je m’y sens maladroit.
Je m’étudie pour revenir en arrière et bafouille.
Loin de moi la misanthropie. Et j’adore les
femmes, les jeunes, car sous mon amas d’années je bénéficie d’une
jeunesse incomparable : un edelweiss sous neige. Je ne me plais qu’avec
les enfants, comme si j’étais des leurs.
Je ne recherche aucunement les hommes et les
joies de ce temps, mais je me sens attiré par la multitude future.
Un désir secret me projette dans l’avenir, je
me vois vivre plus tard. Si j’ai de l’orgueil, mon orgueil est... Je
puis me tromper, mon erreur…
J’ai comme horreur du retard...
Saint-Pol Roux
Pour quelques sous ...
peinture
tissée 50X70 du 28/10/2024
Le Bazar (extrait)
…
Chaque matin, on vend, en ce bazar,
Parmi les épices, les fards
Et les drogues omnipotentes,
À bon marché, pour quelques sous,
Les diamants dissous
De la rosée immense et éclatante.
Le soir, à prix numéroté,
Avec le désir noir de trafiquer de la
pureté,
On y brocante le soleil
Que toutes les vagues de la mer claire
Lavent, entre leurs doigts vermeils,
Aux horizons auréolaires.
…
Emile Verhaeren
Mes peintures tissées
English text
1975, une cousine de
ma femme, nous avait prêté un studio à Vence, pays de Matisse. J’avais
juste emporté une boîte de gouache et faisait des expériences en
peignant sur le journal local. Papiers froissés, pliés, etc.
s’entassaient sur le balcon. Pour gagner de la place, j’eus l’idée de
les découper en bande, de les tisser et coller.
Parallèlement,
l’informatique progressant à grands pas, j’en vins à intégrer des images
puis des photomontages à partir de photos que je prenais lors de mes
voyages, de gravures anciennes chinées en brocante ou salles des ventes,
de dessins personnels, etc.
Du carnet de croquis
de mon grand-père, artiste peintre, à l’appareil photo-numérique, même
démarche : prendre des notes de voyage et rendre compte de la vie
actuelle à partir d’images du passé et/ou du passé.
Je m’attache aux
personnages pour les mettre en scène. Mon aïeul retravaillait ses
esquisses en atelier, moi, je transforme mes clichés sur ordinateur avec
des logiciels adéquats puis les retouche à la main par ajout ou
effacement. Les tirages obtenus sont ensuite entièrement peints un à un
à l’acrylique puis tissés (quatre épaisseurs de papier), évidés puis
collés.
Dans mon travail,
une part abstraite consiste à faire place au hasard grâce à une série de
40 formes géométriques placées de façon aléatoire sur des grilles
préétablies au dos des peintures et déterminant les espaces de découpe.
Par tissage, les peintures s'entrelacent puis par évidements successifs
les images reprennent vie comme en une reconstruction archéologique qui
multiplierait les éléments initiaux.
Liens divers
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